Situé au sein de l’hôpital femme-enfant-adolescent de Nantes, le Centre Simone-Veil ouvert en 2004 et inauguré deux ans plus tard, continue de jouer un rôle essentiel dans la prise en charge des patientes. Discret, comme l’explique Tifen Bazin, médecin coordinatrice depuis dix ans, le centre permet aux femmes de consulter sans crainte d’être vues. « Cette discrétion n’est sans doute plus aussi nécessaire qu’à sa création, mais elle reste importante pour respecter les patientes qui préfèrent préserver leur intimité », précise-t-elle.
Ce centre, qui a pris la relève de l’une des premières unités de ce type ouvertes en France en 1975, place les patientes au cœur de son approche.
À l’occasion des 50 ans de l’entrée en vigueur de la loi Veil, des personnalités politiques et des représentants de l’État se sont rendus au Centre Simone-Veil ce vendredi. Dans l’effervescence des préparatifs, Virginie Badon, sage-femme et responsable de l’unité de gynéco-obstétrique médico-psycho-sociale, insiste sur la philosophie du lieu : « Ici, nous travaillons tous ensemble pour prendre soin de la santé des femmes, en respectant avant tout leurs choix. »
L’équipe, composée d’une dizaine de praticiens et d’une vingtaine de professionnels, privilégie le terme d’ engagement à celui de militantisme. « Beaucoup pensent que l’IVG est un droit acquis définitivement, mais l’actualité internationale nous montre que c’est un droit fragile, qui dépend des contextes politiques », souligne Mathilde Urvoy, sage-femme dans l’unité depuis neuf ans. Malgré les disparités territoriales, le centre de Nantes garantit des rendez-vous en moins de cinq jours, un délai inégalé dans certains départements comme la Sarthe, où les déserts médicaux compliquent l’accès à l’IVG.
En 2024, le centre a réalisé 1 417 IVG. Dans la salle d’attente, l’accueil chaleureux et les messages comme « Merci Simone », accompagnés du portrait de Simone Veil, créent une ambiance apaisante. Les patientes peuvent consulter une conseillère conjugale et familiale pour un moment d’échange, particulièrement apprécié, bien que facultatif pour les majeures. « On leur propose cet espace pour qu’elles en fassent ce qu’elles veulent, qu’il s’agisse de parler des suites ou d’aborder la contraception », explique Claire Marchand.
L’ensemble du parcours est pensé pour assurer le confort des patientes : des salles décorées par des artistes, des interventions accompagnées de musique, et même des séances d’hypnose pour atténuer le stress. « Ce sont les mêmes femmes que nous voyons en maternité et en centre IVG, car les deux font partie de leur vie. Notre rôle est de les accompagner à chaque étape », précise une sage-femme.
Depuis sa création, le Centre Simone-Veil se distingue par une approche respectueuse et non paternaliste. « Les médecins qui ont fondé cette unité il y a 50 ans étaient des pionniers, très engagés et soucieux de la qualité des soins », rappelle Tifen Bazin. Cet héritage perdure, avec un accent mis sur la formation des professionnels pour élargir l’accès à l’IVG, tout en garantissant la sécurité des patientes à moins d’une heure d’un hôpital en cas de complications.
Pour Virginie Badon et son équipe, écouter et conseiller sans juger reste une priorité absolue. Face aux femmes qui ressentent parfois le besoin de justifier leur démarche, le centre s’efforce de leur offrir un espace de respect et d’autonomie, fidèle à l’esprit de Simone Veil.
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